FAILLE NORD-ANATOLIENNE
La faille nord-anatolienne est la faille la plus active d'Europe.
Elle a provoqué d'importants séismes tout au long du XXe siècle (Ganos, ouest de la Turquie, en 1912 ; d'Erzincan, est de l'Anatolie, en 1939).
Les deux secousses les plus récentes sont survenues en 1999, près d'Izmit et Düzce, à l'est d'Istanbul. Toutes deux avaient une magnitude supérieure à 7 et ont fait de nombreuses victimes, quelque 20.000 morts au total dans le cas d'Izmit.


Ainsi, l'activité sismique semble s'être accrue le long de la faille nord-anatolienne juste au sud d'Istanbul, sous la mer de Marmara.
Les géologues ont des indices suggérant que les tensions ne cessent de s'accumuler dans cette région (835 micro-séismes ont été observés entre 2006 et 2010).
Ils estiment que c’est un segment de la faille, long de seulement 30 km, situé à une dizaine de kilomètres sous l'archipel des îles des Princes, servirait de point d'ancrage à toutes ces tensions telluriques ; si ce dernier sautait brutalement, il pourrait provoquer un séisme d'une magnitude supérieure à 7 aux portes d'Istanbul, mégalopole d'environ 13 millions d'habitants.
Selon les chercheurs, ce segment pourrait avoir servi de barrière contre la rupture d'Izmit en 1999, empêchant le glissement de la faille de se poursuivre en direction d'Istanbul, un peu plus au nord.
Si c'est bien le cas, en bloquant et en concentrant les tensions sismiques, ce même segment pourrait aussi être la source d'un futur séisme frappant Istanbul.
Des relevés historiques font état d'importants séismes (magnitude supérieure à 7) dans la région d'Istanbul, les deux derniers en date ayant eu lieu en 1509 et 1766, ce qui aboutirait à une fréquence d'environ 200 à 250 ans.
Des appareils GPS enregistrent en continu l'activité de la faille nord-anatolienne, l'une des zones dans le monde à la sismicité la plus élevée, qui traverse toute la Turquie. De part et d'autre, les deux plaques se déplacent de 2,5 cm par an, accumulant les tensions.
La Turquie effectue en permanence une surveillance de l’activité sismique sur terre, mais aussi sous la mer Égée et la mer de Marmara. Le pays est divisé en 27 « zones d’urgence », dont les centres de coordination sont prêts à réagir « à la seconde zéro ».
Selon des estimations récentes, la probabilité qu'un tel séisme se reproduise d'ici 2034 est comprise entre 35 et 70%.

La résistance des constructions reste cependant le gros point noir d'Istanbul, malgré les moyens mis en place par les autorités turques. En dix ans, la municipalité s'est dotée d'un vaste plan de prévention : des équipes de secours ont été mises en place dans tous les quartiers, 100 appareils de mesures quadrillent la ville pour repérer les zones les plus sinistrées, les ponts autoroutiers ont été renforcés, le fonctionnement de navires-hôpitaux a même été prévu.
Des produits de première nécessité, eau potable, biscuits secs, couvertures, sont stockés dans des bâtiments antisismiques. Des liaisons satellitaires pourraient prendre le relais en cas de rupture des réseaux de communications téléphoniques et Internet.
Hélas, dans cette mégapole à l'urbanisation très rapide, 70 % du bâti est illégal; en conséquence, 70% du bâti n’est pas aux normes parasismiques. Dans chaque rue, on peut voir des étages supplémentaires rajoutés à la va-vite sur les immeubles existants.
Par exemple, après 1999, 1 730 écoles vulnérables avaient été recensées. Seulement 230 ont été fortifiées. Sur les 635 bâtiments hospitaliers, seuls trois l'ont été ; et rien n'a été fait pour les centrales électriques, les centres commerciaux, les minarets.
Ce n’est même pas un problème de fonds, car la Banque mondiale a débloqué 310 millions d'euros pour les ouvrages publics.
Istanbul n’est donc pas préparé au futur “Big One” européen qui s’annonce, malgré la puissance de la Turquie, considéré comme un pays émergeant, en pleine expansion.